Faire progresser la couverture sanitaire universelle
Nous sommes loin d’atteindre cet objectif ambitieux dans la Région de la Méditerranée orientale. Selon le rapport de suivi mondial le plus récent, intitulé Les soins de santé primaires sur la voie de la couverture sanitaire universelle (CSU), la couverture sanitaire essentielle dans la Région est nettement inférieure à celle de la plupart des autres Régions de l’OMS. Entre 2000 et 2017, l'indice de couverture des services de la CSU, qui mesure la disponibilité des services essentiels, est passé de 45 à 66 pour 100 dans le monde, mais notre Région est en retard avec un score inférieur à 60.
L’accès à la santé est entravé par de graves pénuries de ressources humaines et financières dans de nombreux pays de la Région. Les systèmes de santé présentent des lacunes et des faiblesses, avec une intégration insuffisante des services, une réglementation médiocre ou incohérente et une attention insuffisante accordée à la qualité ainsi qu’à la sécurité des patients. Entretemps, le succès des actions de prévention et de lutte contre les maladies est compromis par les préjugés, la stigmatisation et le manque d'informations, ainsi que par des obstacles physiques et logistiques plus tangibles et par les perturbations et l'insécurité causées par les urgences humanitaires.
En 2019, l'OMS a travaillé avec nos États Membres et nos partenaires pour relever ces défis grâce à la mise en œuvre d'une vaste gamme d'activités.
Renforcement des soins de santé primaires
Transformer les hôpitaux dans la Région
Impliquer le secteur privé
Valoriser les personnels de santé
Les systèmes de santé ne peuvent fonctionner que si des professionnels de santé sont disponibles là où le besoin se fait sentir et si ces derniers possèdent toutes les aptitudes et compétences requises pour assurer les services de santé requis. Cependant, il existe actuellement des lacunes très importantes au niveau des personnels de santé dans la Région. Les travaux de recherche présentés au Comité régional en octobre ont montré que le nombre de médecins, personnels infirmiers et de sages-femmes pour 100 000 habitants est inférieur à la moyenne de l’Organisation de Coopération et de Développement économiques (OCDE) dans tous les pays de la Région. Il est également inférieur au niveau ciblé par les Objectifs de développement durable dans la plupart des pays (voir Fig. 2).
En 2019, les efforts visant à développer les personnels de santé dans la Région ont notamment porté principalement sur les soins infirmiers et obstétricaux. Le Comité régional a adopté la résolution EM/RC66/R.3 qui appelle les pays de la Région à élaborer et à mettre en œuvre des stratégies et des plans d’action nationaux pour renforcer les personnels infirmiers et obstétricaux, le but étant de susciter une dynamique en amont des célébrations mondiales de 2020, l’Année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier. Huit pays de la Région ont rejoint la campagne Nursing Now afin de mieux faire connaître le profil de la profession.
La résolution souligne la nécessité de faire en sorte que la formation et l’éducation des personnels infirmiers et obstétricaux mettent l’accent sur les compétences en soins de santé primaires, et de définir et d’élargir les rôles et les champs d’activité des personnels infirmiers afin de maximiser leur contribution au sein des systèmes de soins de santé primaires.
La mise au point d’une nouvelle qualification pour accroître les connaissances des médecins en médecine familiale a constitué une autre initiative importante visant à renforcer la capacité des personnels de santé à dispenser des soins de santé primaires. L’OMS a collaboré avec le Bureau régional de l’UNICEF, l’Université américaine de Beyrouth (AUB) et l’Organisation mondiale des médecins de famille (WONCA) pour créer le Diplôme régional professionnel de médecine familiale en tant que programme-relais pour contribuer à atteindre la cible régionale de trois médecins de famille pour 10 000 à l’horizon 2030.
On s’efforcera désormais d’aider les pays à intégrer ce programme dans leur système national d’enseignement de la médecine.
Entretemps, l’action s’est poursuivie pour aider les pays à relever systématiquement les défis auxquels sont confrontés leurs personnels de santé, grâce à des évaluations et des plans stratégiques bien structurés. Des progrès ont été accomplis dans l’amélioration de l’information et des bases factuelles relatives aux personnels de santé aux niveaux national et régional, et d’autres données ont été recueillies par le biais de la plateforme des comptes nationaux des personnels de santé. Un nouvel observatoire des personnels de santé pour la Palestine a été lancé.
Garantir la qualité et la sécurité des patients
Développer l’accès aux médicaments et aux technologies sanitaires
Promouvoir l’efficacité de la gouvernance de l’action sanitaire
Lutte contre les maladies transmissibles
Amélioration des programmes de vaccination
Lutte contre la rougeole et la rubéole
Renforcement des laboratoires de santé
Faciliter l’accès au diagnostic et au traitement du VIH
Élimination de l’hépatite dans les pays à forte charge de morbidité
Mettre fin à la tuberculose
Lutte contre le paludisme et
d’autres maladies à transmission vectorielle
Davantage de pays de la Région ont réalisé l'élimination du paludisme en 2019 ou s’en sont rapprochés. L’OMS a apporté un soutien à la République islamique d’Iran (zéro cas autochtone notifié en 2018 et 2019) et à l’Arabie saoudite (61 cas autochtones en 2018 et 38 cas en 2019) afin que les deux pays puissent valider l’élimination. Nous avons également soutenu les pays exempts de paludisme dans la Région pour empêcher la réapparition de la transmission locale du paludisme, et fourni un appui pour la prise en charge appropriée des cas de paludisme et la préparation à la certification de l’absence de paludisme en Égypte et à Oman.
Des éléments encourageants indiquent également une amélioration de la détection dans les pays où le paludisme est encore endémique. Le personnel des trois niveaux de l’OMS a coordonné l’action dans ce domaine avec les ministères de la santé et d’autres partenaires, notamment le Fonds mondial, l’UNICEF, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), l’Organisation internationale pour les migrations (IOM) et des partenaires universitaires.
L’accès accru aux tests de diagnostic rapide (TDR) dans la communauté et au niveau plus bas des établissements de santé a entraîné une augmentation du taux de confirmation du paludisme dans les pays d’endémie, en particulier en Afghanistan et au Pakistan. En 2016, moins de 50 % des cas de paludisme notifiés avaient été confirmés en Afghanistan ; en 2018, ce taux était passé à 80 %.
Le Bureau régional et les bureaux de pays ont coordonné l'appui fourni pour faire face aux flambées de maladies à transmission vectorielle, y compris la dengue, le chikungunya et la leishmaniose en Afghanistan, à Djibouti, au Pakistan, à Oman, au Soudan, en Somalie et au Yémen. En République islamique d’Iran, un soutien a été apporté à la riposte face aux urgences liées aux inondations et à la prévention des maladies à transmission vectorielle.
Cependant, un soutien logistique et technique supplémentaire est nécessaire dans les pays qui connaissent des niveaux sans précédent de paludisme (par exemple, Djibouti et le Soudan) et d’autres maladies à transmission vectorielle, en particulier les maladies transmises par le moustique Aedes (Djibouti, Pakistan, Somalie, Soudan et Yémen), en raison de catastrophes naturelles et/ ou d’origine humaine et de mouvements massifs de populations. La riposte face à la flambée de paludisme à Djibouti a été multisectorielle et a impliqué de nombreuses organisations, en particulier le PNUD.