Objectifs/approches

But

Le but du programme visant la lutte contre le paludisme et l’élimination de cette maladie est d’interrompre la transmission de la maladie dans les zones où cela est possible, et de faire en sorte que le paludisme ne figure plus parmi les problèmes de santé publique dans les zones où les outils actuels ne permettent pas de l’éliminer.

Objectifs

La Région de la Méditerranée orientale s’étend sur trois zones éco-épidémiologiques et comprend des pays très divers du point de vue du développement socioéconomique. La diversité des contextes influence la situation en ce qui concerne le paludisme et constitue un déterminant majeur pour la réussite en matière de lutte contre cette maladie au niveau transfrontalier, voire dans un même pays. Pour agir face à ces variations, le programme régional a réparti les pays en trois groupes (en fonction des informations disponibles en 2010). Un objectif stratégique précis a été défini pour chaque groupe.

Groupe 1. Pays ayant une charge palustre modérée/élevée, des systèmes de santé fragiles et/ou en proie à des situations d’urgence complexes

Objectif : Poursuivre la réduction de la prévalence du paludisme pour la fin 2015 (>75 % par rapport à 2000) et amener le taux de mortalité due au paludisme à zéro dans tous les pays

Actuellement, les pays faisant partie de ce groupe sont l’Afghanistan, Djibouti, le Pakistan, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud et le Yémen. Ils représentent quelque 48 % de la population de la Région, comprennent des zones de transmission palustre élevée et sont en proie à des menaces d’épidémies ou de situations d’urgence complexes.

L’Afghanistan a signalé que le nombre de cas de paludisme confirmés avait diminué de plus de 50 % entre 2000 et 2010. En revanche, Djibouti, le Pakistan, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud et le Yémen n'ont pas obtenu les mêmes résultats. On a observé une baisse importante du nombre de cas dans certaines zones géographiques, comme à Khartoum (Soudan) et sur l’île de Socotra (Yémen). D’ailleurs, celle-ci est presque exempte de paludisme, aucun cas local n’ayant été signalé depuis 2006.

Le paludisme est un problème de santé important. L’insuffisance et, parfois même, l’absence de ressources humaines et de capacités au niveau national constituent l’un des principaux obstacles à l’élaboration, à la mise en œuvre et à la pérennité de la lutte antipaludique dans ce groupe de pays. La gestion des systèmes logistiques demeure un problème majeur en raison des coûts opérationnels élevés. Dans certains pays, les conditions de sécurité représentent un défi supplémentaire.

Le manque de ressources humaines et d’infrastructures appropriées sont les difficultés principales pour la mise en place d’activités complètes de lutte antipaludique. La priorité est de renforcer les capacités du programme national de lutte antipaludique, en particulier à l'échelon le plus bas, afin de mettre en œuvre des interventions de lutte. Dans toutes les régions présentant un risque de transmission, il faut accroître les efforts afin de garantir l’accès universel à un diagnostic et un traitement efficaces, de renforcer les systèmes de surveillance pour tester, traiter et tracer chaque cas et de veiller à l'usage rationnel des mesures de prévention ayant un bon rapport coût-efficacité.

Groupe 2. Pays où la transmission palustre est faible et limitée à des zones géographiques restreintes, et qui ciblent l’élimination du paludisme

Objectif : Interrompre la transmission palustre dans 50 % des districts d’endémie

Actuellement, ce groupe est composé de deux pays, à savoir l’Arabie saoudite et la République islamique d’Iran, soit 17 % de la population régionale. Ces pays ont réussi à faire reculer le paludisme de façon constante ces dix dernières années. Le paludisme persistant encore dans ces pays inclut tous les types épidémiologiques du paludisme (paléarctique et oriental en République islamique d’Iran, et afrotropical en Arabie saoudite). Ces pays ont pour principale caractéristique d’avoir un programme national de lutte antipaludique autonome, bénéficiant du ferme appui politique et financier des autorités nationales et également bien soutenu par des systèmes de santé développés aux niveaux du centre et des périphéries. Par ailleurs, certains facteurs épidémiologiques et socioéconomiques, tels que l’éducation, l’équité en matière de répartition des ressources dans les populations marginalisées et le développement général des infrastructures sociales et économiques, contribuent favorablement à la concrétisation de l’objectif de l’élimination du paludisme.

En République islamique d’Iran, 1 710 cas locaux ont été enregistrés en 2011, ce qui est peu. On constate aussi une forte réduction du nombre d’infections à P. falciparum et de cas mixtes (seulement 208 cas). On prévoit que, grâce à l’intensification planifiée des efforts en vue de l’élimination, le paludisme à P. falciparum sera éliminé dans un futur proche.

En 2011, l’Arabie saoudite n’a signalé que 69 cas locaux, contre 4 736 cas en 2000. Ce pays a pratiquement éliminé la maladie, mais il connaît plusieurs difficultés qui sont à prévoir quand on approche de l’élimination. Pour atteindre ce but, il faut que le système de surveillance soit robuste et que la coordination transfrontalière soit assurée avec le Yémen.

Les principaux obstacles à surmonter pour atteindre les objectifs de manière durable sont les autres maladies transmissibles et non transmissibles, qui sont elles aussi des priorités, les mouvements de population massifs en provenance de plusieurs pays d'endémie palustre et le besoin de coopération et de coordination.

Groupe 3. Pays ayant éliminé le paludisme

Objectif : Empêcher le retour de la transmission palustre

Ce groupe se compose des pays ayant éradiqué le paludisme depuis longtemps, à savoir : le Bahreïn, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, le Qatar, le Territoire palestinien occupé et la Tunisie, ainsi que ceux ayant été certifiés exempts au cours de ces dix dernières années : le Maroc et les Émirats arabes unis. Ce groupe comprend également les pays où la transmission locale a été interrompue pendant plus de trois ans au cours de ces dix dernières années, mais où l’élimination n’a pas été certifiée (Égypte, Iraq, Oman, République arabe syrienne). Il est possible de voir l’apparition de certains cas autochtones causés par une importation, mais les programmes nationaux sont très actifs et aptes à apporter une riposte adéquate et à maintenir le statut « exempt de paludisme ».

Le principal défi pour ce groupe de pays est d’empêcher que la transmission locale du paludisme ne reprenne à cause des mouvements de population continus depuis les pays d'endémie palustre. Les autres difficultés comprennent la collaboration entre les zones frontalières, la sensibilisation au risque du paludisme et les capacités à diagnostiquer et traiter rapidement la maladie dans les personnels de santé des établissements de soins de santé publics ou privés. Il est également important de continuer à sensibiliser les membres de la communauté au paludisme, notamment les personnes qui vont régulièrement dans tout pays d’endémie palustre.